Ordre Souverain Militaire et
Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de
Rhodes et de Malte

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Liban: bref aperçu de la situation generale sur le plan humanitaire. 3ème rapport

Liban: bref aperçu de la situation generale sur le plan humanitaire. 3ème rapport
08/08/2006

Troisième rapport envoyé par le Président de l’Association Libanaise de l’Ordre de Malte S.E. Marwan Sehnaoui:

Les opérations militaires prennent des formes diverses, jour après jour, devenant plus cruelles et meurtrières et changeant conséquemment le paysage du drame humanitaire que vit la population Libanaise.
Cette situation volatile est de plus en plus effrayante et une issue finale ne pointe même pas à l’horizon, malgré les différents ballets diplomatiques, ajoutant à la détresse générale, le sentiment aigu de la « peur du lendemain ».

Le monde a été choqué par les 37 enfants, sans compter les adultes, retirés des décombres de l’immeuble visé dans le village biblique de Cana (village accolé au Centre de l’Ordre de Malte de Siddikine – Centre hors combat depuis le début de cette guerre du fait des opérations militaires).

L’ouverture, grâce aux Nations Unis, de corridors humanitaires, a permis dans un grand élan de solidarité avec le Liban l’acheminement du début des aides humanitaires internationales. Ces aides internationales ont certainement besoin d’une mise à jour quotidienne en fonction des besoins réels.

L’acheminement des convois humanitaires terrestres à l’intérieur du pays, s’organise « … à vue… », la situation sécuritaire changeant d’heure en heure.

La suspension des frappes aériennes durant les dernières 48 heures a permis une légère relaxation du mouvement des convois (hier matin, nous avons, en coordination avec la Croix Rouge, envoyer un lot de médicaments à Rmeich. Le convoi a été bloqué à Tyr et l’est toujours pour le moment on attend des nouvelles).

Le pays fait ainsi face, jour après jour, aux problèmes d’URGENCE avec plus d’acuité.

Selon le « Haut Comité de Secours », le flux des déplacés des différentes zones couvertes par les opérations militaires est estimé en date du 1er Août 2006 à ± 914000 déplacés dont :
– 128760 déplacés sont abrités dans 761 écoles;
– 565000 dans des domiciles de parents/amis ou dans des églises et mosquées ;
– 220000 ont quitté le territoire libanais essentiellement en direction de la Syrie, la Jordanie, Chypre ou ailleurs.
Selon l’UNICEF, 50 % des déplacés sont des enfants.

Les déplacés installés principalement dans les écoles, non équipées à la base pour des situations de ce type, souffrent d’une manière plus aigue du manque d’installations sanitaires et d’accès à une eau domestique acceptable.

Les risques de développement démesurés de maladies dues au manque d’hygiène de base (maladies diarrhéiques, maladies de peau, … etc…) sont importants et déjà assez propagés.

Cette situation est très critique.

Par ordre d’importance, les besoins et les problèmes suivants restent de grande URGENCE :

1. la salubrité des lieux où les déplacés sont installés. Il est urgent d’assurer des kits familiaux d’eau et d’hygiène, adapter les approvisionnements et stockage d’eau, assurer la désinfection des espaces sanitaires, des locaux et l’assainissement des eaux souillées ;

2. assurer autant que possible la mise à disposition de Chlorine pour la désinfection et l’amélioration de la qualité des eaux surtout pour les bébés et les nourrissons ;

3. le lait des nourrissons et des bébés ;

4. les médicaments ;

5. les matelas, draps et couvertures ;

6. l’approvisionnement des Centres en produits alimentaires ;

7. les habits (selon la saison en cours, essentiellement pour enfants).

La détresse des populations prises au piège des zones de combat ou limitrophes de ces zones est toujours ardue.
L’accès des aides à ces populations est excessivement périlleux.
Les populations locales toujours prises à l’intérieur de ces zones quittent aux premières occasions ; ainsi donc, près de 5000 personnes de la population d’origine de Rmeich (8000) ont déjà quitté vers des zones plus sures. De même, une grande partie des 20000 (estimés) déplacés installés à Rmeich ont également quitté vers des zones plus sures à la faveur des dernières 48 heures de trêve des frappes aériennes.
Le personnel d’aide actif dans ces zones commence à montrer des signes de fatigue du fait de leur non remplacement.

Quant à la pénurie des produits de base (alimentaires, fuel pour générateurs et électricité, médicaments,…etc…), la psychose de guerre continue de créer chez la population un mouvement d’accélération de ce processus, particulièrement au niveau de l’essence et du fuel. Dans les zones non visées par les opérations militaires, les queues d’attente aux stations d’essence sont impressionnantes.

Les quelques stations d’essence qui continuent d’en livrer le font sur une base d’un maximum de 15 à 20 litres par voiture.
Les médicaments, le lait pour nourrissons, le lait pour bébés continuent de poser un problème majeur.

Sur le plan des hôpitaux, la mobilisation générale de tous les hôpitaux Libanais (publiques ou privés) est totale. Leur opérationnalité est complète pour le moment.
Dans la zone des combats, l’hôpital Gouvernemental de Tyr continu d’opérer et coordonne avec les hôpitaux de Saida pour les cas graves.

Trois hôpitaux de campagne reçus en don par le Ministère de la Santé ont également été mis en œuvre. Ces hôpitaux opèrent avec leurs équipes de médecins, infirmiers, … etc.… complètes.

Ces hôpitaux de campagne ont tous, pour le moment, étaient installés à Beyrouth ville où la majeure partie des déplacés est installée entre écoles publiques et familles.

– L’hôpital de campagne offert par l’Arabie Saoudite a été installé au champ de course de Beyrouth et est opérationnel à plein temps ;

– L’hôpital de campagne offert par la Jordanie a été installé dans la zone de Verdun (ex terrain de l’UNRWA) et est opérationnel à plein temps ;

– L’hôpital de campagne offert par l’Egypte a été installé dans les terrains de l’Université Arabe de Beyrouth et est opérationnel à plein temps ;

Les hôpitaux de campagne vont surtout s’avérer nécessaires ultérieurement lors du programme de retour des déplacés.

L’ampleur des destructions qui augmentent de jour en jour met encore plus en évidence le problème auquel le pays et toutes les ONG auront à faire face à la fin des hostilités dès lors que la réinsertion et le retour des déplacés seront enclenchés de même que la reconstruction…

Pour l’Ordre de Malte, notre intervention continue à se concentrer essentiellement sur les soins de santé (excepté dans un cas, au Centre de Roum – caza de Jezzine, où en plus des services de santé, l’Ordre prend en charge la majeure partie des problèmes de 200 familles – ± 1000 personnes réfugiées parmi les ± 8000 à 10000 réfugiés de la zone de Roum/Jezzine).

Pour notre action générale, l’Ordre de Malte a adopté le mode opératoire suivant :

1. Se charger de la réception et de l’acheminement des lots de médicaments

Cet acheminement est en soit un problème surtout pour les zones de guerre. Nous le résolvons au pas à pas et à vue ;

2. Assurer la prise en charge des soins médicaux et la fourniture de médicaments aux Centres de regroupement de déplacés se trouvant dans les zones d’activité des Centres de l’Ordre de Malte ;

3. Assurer un stock de médicaments qui nous permettra de continuer à offrir un service d’urgence et de qualité en cas de plus grande coupure de communications et pour nous permettre d’intervenir efficacement dès les premiers jours où le problème de réinsertion des déplacés dans leurs zones d’origine va se poser.

Nous procédons toujours en attendant l’arrivée de dons à l’achat de médicaments sur le marché local. Les stocks sont certainement en diminution mais avec un timide début d’approvisionnement à partir de la Syrie, le marché dispose d’un stock estimé d’un mois.

Egalement, la responsable (Sœur Sylvie Toison) de la mise au point d’une équipe d’urgence mobile formée de volontaires de l’Ordre de Malte et appelée à intervenir dans les lieux de regroupement de déplacés situés en dehors des zones d’intervention direct des Centres de l’Ordre de Malte a entamé sa mission depuis ce Lundi (31 Juillet 2006).

Le suivi et le fonctionnement de l’ensemble de ces opérations demandent une mise à disposition urgente de fonds importants non prévus dans les budgets et réserves. Ces montants servent en particulier à : l’achat de médicaments, de produits d’hygiène, à couvrir des frais de transport et de fuel, à couvrir des frais d’installations sanitaires dans les Centres de déplacés, … etc.…

(Estimation du budget pour un mois de fonctionnement urgence Ordre de Malte : US $ 80.000,- à US $ 100.000,-).

Ceci donne une image succincte de la situation actuelle au Liban.